Le texte intégral (écrit par la journaliste Laure de CHARETTE) est reproduit ci-dessous.
Une cinquantaine de personnes, âgées de 2 à 92 ans partagent un immeuble de 20 appartements. Chacun garde son intimité mais tous s’entraident et veillent les uns sur les autres. Et ici, pas de syndic, les propriétaires se partagent les tâches.
Hugues, Marie-Odile et Malek partagent un café improvisé dans la salle polyvalente de l’immeuble.
« Avant d’habiter ici, nous avions une grande villa près de Montpellier, avec jardin et piscine. Nous avons réduit notre espace de vie mais avons amélioré notre qualité de vie : moins de soucis, moins de coûts, et surtout moins de solitude et davantage de liens. » Hugues, visiteur médical à la retraite, fait visiter son immeuble situé à Clapiers (Hérault). Ici vivent depuis avril 2021 une petite cinquantaine de personnes, âgées de 2 à 92 ans, selon les valeurs de l'habitat participatif.
« On se prête nos voitures, nos vélos. On se retrouve l’été sur le toit-terrasse pour l’apéro. On garde les enfants ou les petits-enfants des autres, on veille sur la doyenne de l’immeuble, on s’entraide vraiment », explique, tout sourire, Malek, 40 ans, présent lors d’un café informel organisé en ce vendredi matin dans la salle polyvalente de l’immeuble où trône un baby-foot accessible à tous.
« Nous sommes les propriétaires collectifs de cet immeuble, composé de 20 appartements, du T2 au T5, et construit dans une démarche BDO (Bâtiments Durables Occitanie). Chacun conserve son intimité chez lui mais nous partageons des temps d’échanges et des pièces collectives comme la buanderie, les terrasses, le jardin, la chambre d’amis, la pièce de silence, explique Marie-Odile, juriste, qui fait partie avec son mari Hugues des pionniers de ce projet, porté par l’association Maisons Ecoé et soutenu par la mairie, la métropole et la Région. « Nous avons les avantages de l’individuel et ceux du collectif ! Cela crée beaucoup de liens entre nous. »
Même les paliers entre deux appartements sont aménagés en espaces communs. Ainsi, au deuxième étage, une famille avec des enfants en bas âge a installé une salle de jeux et de lecture colorée devant sa porte. « Le voisin du dessus aime bien venir ici lire son journal » précise Hugues.
Un jeune couple doit bientôt arriver dans l’immeuble car un appartement vient de se libérer. « Nous faisons attention au recrutement, précise Hugues. Nous recevons beaucoup de demandes de seniors, mais nous voulons garder une vraie mixité générationnelle. Ainsi qu’une vraie mixité sociale, y compris avec des gens aux tout petits revenus. »
Chaufferie, comptabilité, gestion des biens communs, communication: chaque habitant joue un rôle précis, selon ses envies et ses compétences, en l'absence de syndic. « Cela représente beaucoup de travail, beaucoup de réunions car tout est discuté et doit être décidé par consentement. Parfois, ça ne va pas assez vite à mon gôut. La première année, il a fallu un temps de rodage. Il faut prendre sur soi parfois », reconnaît Malek. Il explique avoir rejoint cette coopérative d'habitants dans l'espoir d'y « retrouver l'ambiance de son HLM quand, enfant, il jouait au foot au pied de l'immeuble avec ses voisins, sous la surveillance des mamies ». Paris gagné, il n'irait pour rien au monde« vivre dans un pavillon».